Leaving a été créé lors de la deuxième série d'exercices dans le cadre du LibLab de Tapestry en 2011. Pour ce travail, les compositeurs avaient été encouragés à suivre l'exemple de nos librettistes jumelés, qui eux avaient eu la liberté d'écrire un libretto sur le sujet qu'ils voulaient. Sharon Bajer avait courageusement partagé avec moi son expérience de lutte contre la dépression post-partum suite à la naissance de son premier enfant et les choix impossibles auxquels elle a dû faire face pour pouvoir la surmonter. Elle m'a fait part de sa difficulté à communiquer efficacement avec son partenaire par les mots et nous avons parlé plus généralement du fait que parfois les mots ne suffisent pas à exprimer correctement le monde des émotions.

Lorsque j'ai reçu la version complète du texte et que j'ai commencé à le mettre en musique, j'avais toujours en tête comme thème central cette idée de communiquer efficacement les émotions. La véritable tragédie de Leaving n'est pas la lutte de Simone contre la dépression post-partum, mais plutôt la façon dont celle-ci provoque une rupture totale de la communication entre elle et son partenaire. Le texte de Sharon laisse délibérément la place aux silences car Simone semble être en perpétuelle recherche du vocabulaire adéquat pour exprimer ses sentiments et ses motivations. J'en ai profité pour permettre à l'accompagnement de faire de longues excursions musicales dans le but d'exprimer ces non-dits au nom de Simone : un mélange d'abandon, de déception, de culpabilité, de honte, de piège, de nostalgie, de confusion et, peut-être contre-intuitivement, d'apathie.

Le matin avant les présentations, j'ai eu l'occasion de donner à Sharon un bref aperçu de la musique et, en entendant les accords d'introduction de l'aria, elle a fait la remarque suivante : « Oui ! Cet accord ! Cet accord, c'est la dépression ». Elle m'a ensuite serré dans ses bras et j'ai alors su que nous avions réussi à combler le fossé de la communication.

- Darren J